À la suite de l’envoi de mon premier article, vous avez été plusieurs à nous demander : « Mais où allez-vous ? Où voulez-vous aller ? »
Quand la question m’était posée, j’ai généralement répondu par un tour de passe-passe, en éludant. J’ai dit que nous n’en savions rien. Que nous avions plus de questions que de réponses. Que nos envies étaient aussi nombreuses que confuses.
Tout cela était et reste vrai. Pour autant, nous avons déjà cheminé et l’objet de cet article est de vous relater les premiers pas que nous avons faits sur cette route vers… mais oui, vers où donc ?
Quand l’idée a germé, nous avons plutôt fondé notre raisonnement par un système de contraintes. Inconsciemment, mais cela m’apparaît plus clairement en l’écrivant. Ainsi, comme l’a justement remarqué Pierre, nos critères de choix se sont manifestés par l’entremise de sémantiques négatives. Ne pas être trop loin des enfants au cas où. Ni trop éloigné de nos proches. Éviter les pays non anglophones. Ne pas être (nous mettre) en difficulté financière. Vous voyez ? Un signe (évident ?) que nous abordions encore les choses sur la pointe des pieds. Loin d’avoir pris racine, notre dessein ressemblait davantage à une pièce jetée en l’air qu’à une graine en train de se féconder.
Mais nous en étions là. Dans cet état d’esprit, j’en ai l’impression.
Ainsi avions-nous listé quelques pays européens (le pas trop loin) anglophones ou anglophiles dans lesquels nous pourrions nous installer un an, dans l’esprit d’y rester et d’y travailler un an. L’Angleterre of course, mais pas Londres (too expensive), plutôt Bristol. L’Irlande tiens. Ou le Pays de Galles puisque nous avons des amis à Cardiff. Et pourquoi pas l’Écosse. Non, les Écossais ont un accent incompréhensible. Aïe aïe aïe les a priori. Pour franchir un cap, nous devons être plongés dans une douce et harmonieuse mélodie vocale, prendre un bon pli dès le départ (tu parles, ça fait 40 ans qu’on apprend l’anglais !). Et puis sont arrivées la Hollande (l’autre pays de l’anglais et du fromage), la Slovénie et enfin Malte. Excellente idée ça Malte. Une île au climat agréable, accueillante (paraît-il puisque nous n’y sommes jamais allés), où il est « facile de dénicher » un emploi dans le tourisme. On dirait une plaquette. Parfait le tourisme par les temps qui courent ! Nous voilà avec notre guide de Malte dans la poche jusqu’au moment où, allez savoir pourquoi, nous avons probablement commencé à changer notre fusil d’épaule, notre façon de phosphorer et… nos critères d’évaluation.
Notre désir de voyage est-il compatible avec une sédentarité d’un an sur une superficie égale à 5 fois celle de Nantes ?
Même si en ce moment, nous vivons plutôt dans 140 m2. J’ai l’impression que soudainement nous nous sommes sentis, à peine notre projet était-il enclenché, comme enfermés, claquemurés par notre destination (une île en plus) et l’idée d’y demeurer un an.
Bref, si quelqu’un veut faire un séjour à Malte, nous avons un guide tout neuf à la maison.
Non, notre soif de voyage n’est pas synonyme de sédentarité.
Notre velléité est de sillonner les routes, avant de se sentir la capacité de naviguer sur les mers.
Nous voulons nous ouvrir à des cultures et des paysages multiples, en prendre plein les yeux et les oreilles.
Vous me direz, ça ne change rien à la question initiale, « où voulez-vous aller ? ».
Certes. Mais ce changement de perspective nous a amenés d’une part à envisager d’autres destinations et d’autre part à lister différemment nos critères d’évaluation… un vieux reste d’une période où je concevais des outils d’aide à la prise de décision.
Voici la liste en l’état…
Il y a peut-être sur terre des destinations qui cochent tous les critères, mais il y a fort à parier que nous trouverons plus facilement chaussure à notre pied en combinant plusieurs lieux. Et si nous passions trois mois dans une ferme au Canada pour assurer comme des bêtes (c’est le cas de le dire) en anglais avant de filer barouder aux quatre coins de l’Asie du Sud-Est en nous glissant dans l’habit du wwoofeur ou du workawakers ? Oh là, je vous ai perdu, je le sens. Je rembobine.
Le wwoofing vous connaissez ? C’est un moyen d’être nourri-logé dans des fermes contre quelques heures de travail par jour. À l’origine, l’acronyme WWOOF signifiait Working Weekends On Organic Farms. Quant à Workaway, c’est un réseau mondial qui met en relation des voyageurs (les workawaykers) prêts à donner un coup de main avec des hôtes (les hosters) qui ont besoin de main-d’œuvre pour la réalisation de travaux divers (construire une école, enseigner à des jeunes…) . Grosso-modo la même philosophie que le wwoofing sans nécessairement exercer dans une ferme.
Bref, chemin faisant, nous avons commencé à examiner les systèmes (en particulier wwoofing.fr et workaway.com) qui mettent en relation des milliers de gens sur la planète prêts à nous accueillir contre l’utilisation de nos compétences et en particulier de nos mains. CQFD ?
Et là, des milliers de propositions répondant pour tout ou partie à nos critères :
Devenir les gouvernants d’un hôtel écolo de 24 chambres perdu près de Vancouver.
Participer à la construction d’un camp d’observation des baleines en Norvège.
Bâtir une ferme écolo en Belgique.
Construire un hôtel dans le désert du Rajasthan et organiser des safaris en chameau.
Enseigner l’anglais dans un village javanais.
...
Nous voilà désormais prêts à éplucher la longue liste des possibilités, prendre contact avec les accueillants et voir ce qui est — réellement — possible.
La suite au prochain épisode...
ahhh je suis soulagée pour vous, Malte j'y suis allée l'annee dernière, j'ai pas aimé cette île, bitumisée à fond, et très peu d'endroits sauvages et authentiques...bon courage pour l'épluchage de votre liste...je me régale à vous lire!
Belle progression dans votre projet, on va se trouver très sédentaires nous autres...